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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/93

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du grand Mogol.

tout à lui, & vit aſſez qu’il ſe falloit reſoudre à prendre ce parti ; ſi bien qu’il commanda dès lors qu’on chargeât ſon bagage, & qu’on prit la route des montagnes. Quelques-uns de ſes plus affectionnez, comme quantité de Manſeb-Dars, de Saïeds, & autres ſe mirent en devoir de le ſuivre, le reſte de l’Armée toute étonnée demeura avec le Raja, & ce qui fut aſſez lâche pour un grand Raja, & une cruauté fort ſordide, c’eſt que lui & Delil-Kan envoyerent ſous main des gens donner ſur ſon bagage, & lui prirent entre autres choſes un Elephant chargé de Roupies d’or, ce qui fit un grand deſordre dans ce peu de troupes qui le ſuivoient, & qui fut cauſe que pluſieurs retournerent & l’abandonnerent, & donna même occaſions aux Païſans de ſe jetter ſur ſes gens, qu’ils pillerent, depoüillerent, & même en aſſaſſinerent quelques-uns ; neanmoins il fit tant qu’il gagna enfin la montagne avec ſa femme & ſes enfans, où le Raja de Serenaguer le receut avec tout l’honneur & les civilitez qu’il pouvoit ſouhaiter, l’affurant qu’il étoit en ſeureté comme s’il eût été Roi du Païs, & qu’il le protegeroit & l’aſſiſteroit de toutes les forces : Cependant voici ce qui ſe paſſoit du côté d’Agra.

Trois