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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/95

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du grand Mogol.
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leurer, & au lieu de jouer au plus ſeur, de faire effort, de ſe remuer, de ſe montrer, de ſe faire porter par la Ville, d’aſſembler tous ſes Omrahs (car il étoit encore aſſez temps) il s’en va tâcher de joüer au plus fin avec Aureng-Zebe lui qui étoit le maître des fineſſes, & entreprend de l’attirer dans ſes filets où il demeura pris lui-même. Il envoye auſſi un Eunuque vers lui, pour lui témoigner qu’il connoiſſoit aſſez la mauvaiſe conduite, & même l’incapacité de Dara ; qu’il ſe devoit bien ſouvenir qu’il avoit toûjours eu une inclination particuliere pour lui ; qu’il ne pouvoit douter de ſon affection ; & pour concluſion, qu’il le vint trouver au plûtôt pour aviſer à tout ce qu’il y avoit à faire dans ces deſordres, & qu’il ſouhaitoit avec paſſion de l’embraſſer. Aureng-Zebe de ſon côté voyoit bien auſſi qu’il ne ſe devoit pas trop fier aux paroles de Chah-Jehan, d’autant plus qu’il ſçavoit que Begum-Saheb ſon ennemie étoit jour & nuit auprès de lui, & que ſans doute il n’agiſſoit que par ſon mouvement ; & il apprehendoit qu’étant dans la fortereſſe, on ne l’arreſtât, & qu’on ne lui fit un mauvais parti : Auſſi, dit-on, qu’ef-

fecti-