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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/96

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Histoire des États

fectivement la reſolution en étoit priſe, & qu’on avoit armé de ces groſſes femmes Tartares qui ſervent dans le Serrail, qui ſe devoient jetter ſur lui ſi-tôt qu’il ſeroit entré ; quoi qu’il en ſoit, il ne ſe voulut jamais hazarder, & cependant il ne laiſſa pas de faire courir le bruit que de jour à autre il s’en alloit voir Chah-Jehan ; mais quand le jour étoit venu, il remettoit la partie au lendemain, & ainſi de demain à demain il alloit alongeant le temps : ſans qu’on pût voir le jour de cette viſite. Cependant il continuoit ſes brigues ſecrettes & ſondoit l’eſprit de tous les plus grands Omrahs, juſqu’à ce qu’enfin après avoir bien & ſecrettement diſpoſé toutes choſes pour ſon deſſein, l’on fut fort étonné qu’un jour qu’il avoit envoyé Sultan Mahmoud ſon fils aîné à la fortereſſe ſous pretexte d’aller parler à Chah-Jehan de ſa part, ce jeune Prince hardi & entreprenant ſe met d’abord en entrant à donner ſur les gardes qui étoient à la porte, & pouſſe vertement tout ce qui ſe trouve devant lui, pendant qu’un grand nombre de gens apoſtez qui étoient là tous prêts entrerent dedans avec furie, & ſe rendirent maîtres des murailles.