Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/13

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jauni, et dont l’aspect seul avait assuré l’éminent savant de leur authenticité.

Mais c’était à tort, quoique avec les plus fortes apparences de raison, que M. Chasles se refusait à croire que toutes fussent l’œuvre d’un même faussaire.

Cet homme de génie existait. Et il avait nom — vous l’avez deviné — il avait nom : Vrain Lucas.

À l’heure où Michel Chasles reconnaissait son erreur, il était arrêté depuis quatre jours.

… « J’avais une grande confiance en lui ; nous étions du même pays, je le croyais incapable de me tromper. »

Et c’est pourquoi, Vrain Lucas lui ayant dit qu’il était de Châteaudun, Michel Chasles, qui était de Chartres, lui acheta tout naturellement un premier autographe, une lettre de Molière s’il vous plaît, pour la modique somme de 500 francs.

Là-dessus, voilà Vrain Lucas qui lui dit — ou à peu près :

— « Monsieur Chasles, vous me faites l’effet d’un amateur éclairé et d’un bon client. De plus nous sommes compatriotes ; il est naturel que je vous fasse profiter d’une bonne affaire. Des autographes comme celui-là, je peux vous en fournir, si vous voulez, des milliers…

— …

— Des milliers, Monsieur Chasles !…

— … ?

— Ah ! ça, Monsieur Chasles, ça, c’est tout à fait confidentiel ; et si je veux bien vous le dire, ce n’est pas parce que vous êtes membre de l’Institut — je ne le dirais pas