Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/14

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à l’Empereur lui-même, — c’est parce que, vous et moi, on est du même pays et qu’alors si on n’a pas confiance dans ses pays…

— … !

— Merci, Monsieur Chasles, mais, moi aussi, j’ai confiance en vous ! Alors voilà : je connais un vieux monsieur, qui est le dernier descendant d’une famille émigrée à la Révolution et qui habite à Paris un hôtel dont le grenier est plein de livres et de papiers. Ah ! Monsieur Chasles, si vous voyiez ce grenier…

— … ?

— Ah ! non, ça, je ne peux pas vous dire son nom, il me l’a défendu. C’est un vieux monsieur, très vieux… Ces papiers, c’est des papiers de famille, une collection qui a été formée par un de ses ancêtres et qui représente une fortune. Et dame, comme il n’est pas riche, ce pauvre vieux monsieur, de temps en temps il se résigne à en vendre… Seulement, vous comprenez, il ne peut pas faire ça lui-même, et alors… alors, c’est moi qui lui sers de commissionnaire…

— … ?

— Moi, Monsieur Chasles. Ah ! c’est bien pour lui rendre service, parce que, pour ce que je touche…

— … ?

— 25 % tout sec, et vous pensez bien qu’au prix où est la vie, — mais passons. Donc, c’est moi qui vends ses papiers. Mais si vous saviez, ce pauvre vieux monsieur, comme il est malheureux quand il est obligé de vendre ! Et il se désole, et il me les reprend des mains, et il ne lâche jamais une pièce sans la lire et la relire !…

— … ?