Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/20

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lorsque M. Chasles commença à publier ses lettres et qu’il me fit part des contestations qu’il éprouvait que je fis plus attention tant à la simulation de l’écriture qu’au choix des documens qui pouvaient lui être utiles, car je le voyais si désireux de triompher que je l’aidais de tout mon pouvoir.

« J’avoue franchement que je n’envisageais pas bien de quelle manière je me mettais dans cette lutte en opposition avec les lois, car je ne sais rien du droit ; je pensais au contraire que cela ne pouvait être considéré comme une mauvaise action, d’autant plus qu’il devait en résulter un ouvrage qui, tout en étant jusqu’à un certain point apogriphe, avait pour but l’utilité publique, c’est-à-dire de faire connaître des faits, comme je l’ai dit, inconnus encore dans l’histoire ou qui y sont oubliés même de la plus part des savans, et par conséquent que cet ouvrage pouvait être utile au progrès des connaissances humaines.

« Car tel était, entr’autres, mon projet : c’était de faire connaître que la première idée des lois de l’attraction, qu’on attribue communément à Neuton, ne lui appartient pas, mais qu’elle appartient à des Français à qui Neuton l’a ravie. J’avais vu cela écrit quelque part, dans des documents qui étaient alors sous ma main, et ce fait avait frappé mon attention.

« Je voulais faire connaître aussi que le binôme auquel Neuton a donné son nom, n’est point non plus de lui, que c’est une usurpation qu’il fit à Pascal. Je voulais encore faire connaître que beaucoup d’autres découvertes avaient été dérobées à des Français, tant par Neuton que par d’autres savans étrangers, et je suis étonné que nos savans d’aujourd’hui restent insoucians et indifférens à cet égard.