Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/22

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2o Que, s’il faisait des faux, c’était par philanthropie ;

3o Que c’était aussi par patriotisme.

La valeur de ce dernier argument ne pouvait manquer d’impressionner ses juges. En bonhomme modeste et inhabile à se défendre, il ne l’avait invoqué qu’à propos de l’affaire Pascal-Newton.

Son avocat d’office, Me Helbronner, élargissant le débat, et reprenant la série des documents fabriqués, sut bien mettre en lumière son idée dominante, sa manie, sa passion : restituer à la France les gloires qu’on lui a ravies.

Mais oui.

« Ce n’est pas seulement dans les documents des débats Pascal-Newton que cette idée se retrouve : Thalès donne à Ambigat, roi des Gaules, des conseils sur la manière de gouverner son peuple ; Alexandre fait l’éloge de la Gaule et des Gaulois à Aristote ; Cléopâtre envoie Césarion à Marseille pour s’y instruire, tant à cause du bon air qu’on y respire que des belles choses qu’on y enseigne. Lazare, après sa résurrection, et Marie-Madeleine dans leurs lettres à saint Pierre, ne trouvent pas de sujet plus intéressant que les Druides et les Gaulois. »

En cour d’assises, il y aurait eu là — au moins de nos jours — de quoi enlever l’acquittement. En correctionnelle (et sous l’Empire), l’argument n’était point suffisant et le 24 février 1870, le patriote Vrain Lucas était condamné à deux ans de prison et 500 francs d’amende.

Telle était la récompense des travaux ardus, sinon désintéressés, entrepris par le compatriote de M. Chasles pour restituer à la France les gloires qu’on lui avait ravies.