Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/60

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survivra à l’épreuve d’un pareil coup, ce serait trop se flatter. Hélas ! faible ressource que les attraits, quand on n’a plus rien pour les satisfaire : il me reste encore assez de bien pour aller me jeter dans un cloistre, dans le déplorable [état ?] où je me trouve c’est l’unique partie que j’aie à prendre. J’y pleurerai mes malheurs, j’y pleureray mon doulx amy, heureuse si je puys parvenir à recouvrer un repos qui va estre désormais l’objet des miens désirs.

Ne m’oubliez pas, mon doulx amy, si le courage ne vous abandonne, escrivez moi souvent, faites moy part de vos pensez. Ce sera pour moy grandes consolations. Adieu, adieu, que le Seigneur et la benoiste vierge Marie, sa mère, vous ayent en leurs bonnes grâces.

Ce X juin.

Heloyse.




ABÉLARD


Pour le sainct Père le Pape.



Très sainct père,

Jà puis longtemps ay resolu vous escrire, car come il est dict en un commung proverbe : mielx vault s’adresser à Dieu qu’aus saincts.