Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/13

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Beethoven, il la met au courant de la philosophie de Schopenhauer, lui fait part de ses lectures littéraires ou scientifiques. Bientôt une étroite et très douce et toute idéale intimité se noue entre le grand artiste et la gracieuse jeune femme. Il prend l’habitude de venir chez elle vers 5 heures, à la tombée du soir, lui jouer au piano ce qu’il a produit pendant la matinée ; il lui communique les esquisses de ses œuvres nouvelles ; il met en musique cinq poèmes qu’elle a composés (Der Engel — Träume — Schmerzen — Stehe still — Im Treibhaus). Avec elle il peut librement s’épancher, sûr de trouver toujours une complète sympathie. Elle l’écoute « comme Brünnhilde écoutait Wotan ».

Au printemps de 1857 Wagner devient l’hôte des Wesendonk. À côté de la somptueuse villa qu’ils construisent sur la « Colline verte » dans le quartier d’Enge près de Zurich, ils achètent une petite maison, « l’Asile », où ils offrent à Wagner une retraite paisible dans laquelle il pourra achever en toute tranquillité les Nibelungen ou Tristan. Wagner accepte cette proposition avec une gratitude infinie. À peine installé, il décrit à Liszt avec enthousiasme son nouveau home : « Tout est rangé et arrangé selon nos désirs et nos besoins ; tout est à sa place. Mon cabinet de travail est disposé avec la pédanterie, la recherche de l’élégance et du confortable que tu me connais ; mon bureau est

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