Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/215

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Qui a raison et qui a tort en ce monde ? C’est une confusion de sympathies et d’antipathies, de désirs et de répulsions. Quiconque veut avoir la tranquillité plante finalement une borne et dit : « ici arrêt ; plus de changement ! » Et il se fait que la borne est plantée à l’endroit précis où le désir voulait rester. Mais il n’y reste pas ; quoi donc alors ?

« Qui est donc heureux ? »[1]


Ceci est encore le meilleur moyen d’être tranquille. À quoi l’on peut, il est vrai, répondre encore :

« celui qui pratique la probité »[2]


ou :

« au roulement du tambour,
au sifflement du fifre. »[3]

Vous me tenez pour fou ?

Je crois bien que je le deviendrai quelque peu avec le temps. Il est rarement arrivé à quelqu’un de vivre au jour le jour comme je le fais maintenant. Tout plan que je puis avoir en moi s’effondre dès que je l’examine un peu fixement : rien ne tient debout. D’ici à quatre semaines, je ne sais réellement pas où abriter mon existence et, comme aucun plan n’est bon, je m’abandonne avec un véritable fatalisme au hasard, bois depuis hier de l’eau de Kissingen,

  1. « Wer ist denn glücklich ?  » (voir page 191).
  2. « Wer Redlichkeit übt » (ibid).
  3. Citation de l’Egmont, de Gœthe.
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