Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/223

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fois, à l’égard de Parzival. La conviction me revenait encore, tout récemment, que ceci deviendrait un travail au plus haut point difficile. À bien considérer les choses, Amfortas est le centre, le sujet principal. Mais ça n’est pas une vilaine histoire du tout, cela ! Figurez-vous donc un peu, pour l’amour du ciel, de quoi il s’agit ! Tout à coup, ce me fut terriblement clair : c’est mon Tristan du 3e acte, mais avec une progression d’une inimaginable intensité ! La blessure de la lance et encore une bien autre blessure, — au cœur, le malheureux n’a d’autre aspiration, tandis qu’il est en proie à ses souffrances, que la mort ; pour arriver à ce remède suprême, il aspire de plus en plus à la vision du Graal, afin de savoir si lui au moins fermera ses blessures, car tout le reste est inopérant ; rien, rien ne peut remédier à ses souffrances. Cependant le Graal toujours ne lui donne en retour que cette seule chose : il ne peut pas mourir et justement le Graal accroît encore ses souffrances, parce qu’il leur octroie l’immortalité. Le Graal, maintenant, d’après ma conception, c’est le calice de la Cène, dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang du Sauveur crucifié. Quelle terrible signification acquiert ainsi la situation d’Amfortas vis-à-vis de ce calice miraculeux ; lui, qui souffre de la même blessure, occasionnée par la lance d’un rival en

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