Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

salut en même temps que l’éternelle malédiction !

Et je devrais encore exécuter cela et faire aussi de la musique sur pareil sujet ? Ah ! non, merci ! l’écrira qui voudra ! Je ne chargerai point mes épaules de ce fardeau !

Que quelqu’un le fasse, qui l’exécutera ainsi dans le goût de Wolfram : ce sera peu de chose et finalement aura quelque apparence, l’air très bien même. Mais, je prends ces sortes de choses beaucoup trop au sérieux. Voyez un peu comme Maître Wolfram s’y est pris à l’aise ! Peu importe qu’il n’ait absolument rien compris du véritable sens. Il entasse événements sur événements, enchaîne aventures à aventures, rattache au thème du Graal des faits et des tableaux curieux, bizarres, tâtonne à l’aveuglette et à celui qui est devenu sérieux laisse la question « qu’est-ce qu’il veut donc ? » Ce à quoi il doit répondre « oui, je ne le sais plus moi-même », tout aussi peu que le petit prêtre qui célèbre son Christianisme au maître-autel, sans savoir le moins du monde de quoi il s’agit. Il n’en est pas autrement. Wolfram est une apparition absolument prématurée, et c’est sans doute son époque barbare, tout à fait confuse, flottant entre l’ancien Christianisme et le nouvel État social qui en est la faute. Dans ces temps-là rien ne pouvait mûrir ; la profondeur du poëte se perd tout de suite en des phantasmes

— 203 —