Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/226

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dépourvus de sens. Je suis presque d’accord maintenant avec Frédéric le Grand qui, en recevant l’édition de Wolfram, dit à l’éditeur de ne point l’importuner avec de pareilles futilités ! Vrai, il faut avoir vécu les véritables traits de la Légende, comme je l’ai fait pour cette légende du Graal et voir immédiatement après de quelle façon un poëte tel que Wolfram la concevait — ce que j’ai vérifié en feuilletant votre livre —[1] pour être tout de suite indigné de l’incapacité du poëte. (J’ai fait la même expérience avec Godefroid de Strasbourg, pour Tristan.) Notez seulement que ce « profond » superficiel, parmi toutes les interprétations que la Légende donnait du Graal, choisit précisément celle qui dit le moins. Il est vrai que déjà dans les toutes premières sources à compulser, cette merveille était une pierre précieuse, notamment dans les légendes arabes de l’Espagne. Malheureusement il est à remarquer que toutes nos légendes chrétiennes ont une origine étrangère, dérivant du Paganisme. Nos Chrétiens apprenaient à leur grande stupéfaction que les Maures vénéraient dans la Kaaba, à la Mecque, une pierre miraculeuse (une pierre solaire, un météore, c’est-à-dire réellement tombée du ciel). Les légendes de son pouvoir miraculeux furent bientôt comprises par les Chrétiens à leur façon

  1. Voir note à la lettre précédente.
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