Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/100

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plutôt à l’opposé. Cela est tellement net pour moi, qu’après une excursion que je fis récemment à Fontainebleau, où m’attiraient les beaux arbres promis, j’ai fermement résolu de ne plus penser, par exemple, à n’importe quelle distraction pour le restant de l’été, parce que beaucoup de détails, auxquels je suis devenu extrêmement sensible, ont fait de cette excursion même, en fin de compte, une expérience fort pénible pour moi plutôt qu’agréable. Dans ma solitude personne n’entre que je ne préférerais en voir sortir.

Si le désir inextingible de la société, ne fût-ce que pour changer un peu, se fait sentir, je me dis toujours plus nettement que toute satisfaction possible de ce désir ne m’apporterait que de la peine, et je reste tranquillement chez moi, avec la conscience que je ne trouverais même pas la minime récréation cherchée. Il est difficile de s’imaginer cette résignation parfaite et complète, surtout si l’on a des enfants !…

Et cette existence prodigieusement dépourvue de joie, il faut la mener dans un monde où l’on est soumis à des nécessités, à des considérations, qui, aux yeux des autres, me font presque toujours apparaître comme un être exigeant, si bien que, pour ma part, je finis par éprouver les plus extraordinaires impressions de ce monde. Je vous le dis en toute fran-