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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/103

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nouvelle, parce qu’elle est toujours plus forte. Cela procure alors le calme, et même le mépris se résout en amour : car toute flatterie est loin ; la claire connaissance refroidit le feu de la douleur. Les plis se lissent et le sommeil reprend sa vertu réconfortante. Et comme c’est beau que ce vieillard ne sache pas du tout ce qu’il est pour moi, ni ce que je me suis à moi-même par lui !

Permettez-moi de nommer encore un ami tout différent. Vous pouvez rire, mais je parle d’un véritable ange, que j’ai toujours auprès de moi : un être d’une amitié inébranlable, qui ne peut me voir sans me prodiguer tout un déluge de joie et de caresses. C’est le petit chien que vous m’avez envoyé, un jour, de votre lit de malade ! Je ne saurais dire combien cet incomparable animal est délicieux pour moi. Tous les soirs, je me perds avec lui dans le bois de Boulogne ! Alors je songe souvent à ma solitaire vallée de Sihl ! Adieu, chère et douce âme ! Adieu et merci !

106 a.

[Paris. — Commencement d’Août 1860.]

Quel poëte je suis, tout de même ! Bonté divine, voilà que je deviens tout à fait prétentieux ! Cette interminable traduction de Tannhäuser m’a déjà rempli de suffisance : à présent qu’il faut tout examiner mot par mot, je dé-