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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/104

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couvre, en vérité, pour la première fois, combien ce poëme est concis et inchangeable. Abandonne-t-on un seul mot, un seul sens, et, mon traducteur[1] comme moi, nous voilà obligés de reconnaître qu’un moment essentiel est sacrifié. D’abord je croyais à la possibilité de menus changements ; il fallut y renoncer : l’un après l’autre, ils apparaissaient impossibles. Je fus tout surpris et trouvai alors, par comparaison, que je connais réellement très peu de poèmes auxquels je puisse attribuer la même qualité. Bref, je dus me résoudre à m’avouer que déjà le poëme n’aurait pu être mieux fait. Qu’en dites-vous ? Pour ce qui est de la musique, plutôt, je puis améliorer. Çà et là, notamment, je donne à l’orchestre des passages plus expressifs et plus riches. La scène avec Vénus est la seule que je veuille remanier complètement. J’ai trouvé dame Vénus guindée : quelques traits d’une bonne esquisse, mais pas de vraie vie. Là j’ai ajouté une série de vers assez considérable : la déesse de la volupté devient elle-même touchante, et la souffrance de Tannhäuser devient réelle, de sorte que son invocation à Marie jaillit de son âme comme un profond cri de détresse. Je ne pouvais alors rien faire encore de pareil.

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 271. La traduction française a fait l’objet d’un travail spécial, écrit par le Professeur Golther dans la revue Musik II, 3, 271 et suiv.