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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/105

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Pour Texécution musicale, il me faut encore beaucoup de bonne humeur : je ne sais vraiment pas où me la procurer !…

Bientôt paraîtra une traduction en prose des quatre pièces : le Vaisseau fantôme, Tannhäuser, Lohengrin et Tristan, pour laquelle je veux écrire une préface,[1] qui doit donner à mes amis d’ici quelques explications notamment sur les tendances formelles de mon art. Je viens d’examiner ces traductions et j’ai été forcé de me représenter mes poëmes dans leur moindre détail. Hier Lohengrin m’a saisi et je ne puis me défendre de le tenir pour le poëme le plus tragique, parce que la réconciliation ne peut être obtenue que si l’on jette un regard effroyablement lointain sur le monde.

Le dogme si profond de la métempsychose pouvait seul me montrer le sommet riche de consolations où, finalement, tout concourt à une même hauteur vers la délivrance, après que les diverses existences qui, séparées dans le temps, suivent, l’une à côté de l’autre, leur cours, se sont touchées hors du temps par la pleine intelligence mutuelle. D’après le beau dogme bouddhiste, la pureté immaculée de Lohengrin devient explicable, en toute simplicité, par le fait qu’il est la continuation de Parzival, lequel d’abord conquérait la pureté. Ainsi,

  1. Richard Wagner, Écrits, VII, pages 121 et suiv.