Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/116

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d’hui il faut absolument que je me fasse libre, une heure, — pour être libre ! . . .

Ah ! comme l’enfant se délecte avec passion à Raphaël et à la peinture ! Comme cela est beau, délicieux, reposant ! Il n’y a que moi que tout cela ne veut point toucher, jamais ! Je suis toujours encore le Vandale qui, depuis une année de séjour à Paris, n’est pas encore parvenu à visiter le Louvre ! Cela ne vous dit-il pas tout ? ? —

Comment je vais, autrement ?… Figurez-vous que je m’efforce à tout prix d’inventer de la musique. Vénus doit apprendre à mieux chanter ! Comment cela me réussit ?… Vous savez bien que je vous écris toujours des lettres muettes, ou plutôt invisibles. Dans l’une de celles-ci, je vous parlais longuement de deux minuscules oiseaux des Indes qui sont entrés ici dans mon logis et que je ne voulais plus laisser partir, parce qu’en été ils chantaient merveilleusement, et ainsi m’égayaient toujours au moment du déjeuner. Le petit mâle et la petit femelle avaient chacun leur ramage particulier, très fin et mélancoliquement mélodieux.

Finalement, vers la mi-Août, en revenant de mon excursion au Rhin,[1] je n’entends plus du tout la petite femelle, et le petit mâle ne fait plus que gazouiller sans cesse, toujours avec

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 275.