Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/125

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Vénus.

« Quoi ! tu ne reviendrais plus jamais ?
Qu’ai-je dit et qu’a-t-il dit ?
Comment expliquer ces paroles, comment les comprendre ?
Mon bien-aimé, m’abandonner pour toujours ?
Par quel crime l’aurais-je mérité ?
La Déesse de la Grâce
Se verrait ravir la joie
De pardonner à ce qu’elle aime ?
Moi, qui jadis, d’une oreille avide,
Écoutais, souriant dans les larmes,
Tes fiers accents, muets trop longtemps autour de moi :
Pourrais-tu rêver
Que je restasse jamais insensible
Aux soupirs plaintifs
De ton âme élancée jusqu’à moi ?
La suprême consolation
Que j’ai trouvée dans tes bras.
Ne me la fais pas payer par tes dédains
Pour la consolation que je te réserve !
Si tu ne revenais pas.
Oh ! le monde serait maudit !
Il ne serait plus jamais qu’un morne désert.
Quand la déesse l’aurait quitté !
Reviens, reviens à moi !
Aie foi dans les faveurs de mon amour ! »