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108.

Paris, 24 Octobre 60.

Un mot en hâte, ma très chère enfant !

Vos dernières lignes m’ont profondément réjoui — il en est toujours ainsi après l’angoisse !

La lettre est arrivée ici un jour néfaste : je congédiais brusquement mon domestique, supporté avec peine jusqu’à présent. Il s’était souvent oublié au point de garder des lettres sur lui pendant plusieurs jours après les avoir reçues du facteur ; plus d’une fois je l’avais semonce pour cela. Cette fois-ci, — c’était précisément ces jours-là — je l’ai mis dehors du coup ; il a eu une demi-heure pour quitter la maison (pour d’excellents motifs). Une autre lettre encore ne m’est point parvenue. Je m’explique maintenant pourquoi. Par crainte ou par méchanceté, il ne m’a pas remis au départ les lettres qu’il détenait. Je vais tâcher de la récupérer. Si je ne réussis point, il faudra, hélas ! que vous m’écriviez une nouvelle fois. À autrui j’occasionne autant de trouble qu’à moi-même ; nous devons le supporter ensemble… Je suis très occupé ; on est pour moi trop actif sans interruption ici. Aucun désagrément ; mais grande dépense de forces !

Mille bonnes salutations !

Il me faut retourner à ma besogne !

Cependant encore un salut !

R. W.