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112.

[Paris, Déc. 60.]

Quelques lignes seulement, qui vous en diront assez, amie !…

Je fais tout mon possible pour, — en me ménageant beaucoup — pouvoir assister régulièrement aux répétitions quotidiennes. Et d’ailleurs, voici ma façon de vivre :

À dix heures, je vais me coucher ; je reste ordinairement trois, quatre et jusqu’à cinq heures, sans dormir ; je me lève, très faible, vers dix heures du matin, m’étends derechef après le déjeuner, n’entreprends rien, n’écris pas une ligne, lis un tout petit peu, m’habile ensuite vais en voiture à l’Opéra, à une heure, assiste à la répétition, reviens chez moi entre quatre et cinq heures, mort de fatigue, m’étends de nouveau, cherche à dormir un peu, dîne à cinq heures et demie, me repose alors encore un tantinet, ne reçois âme qui vive, excepté le médecin, — afin de ne point devoir parler, — lis quelques lignes et recommence enfin comme il est dit ci-dessus…

Vous voyez par là combien profondément mes pauvres nerfs sont malades. Je ne puis plus jamais chanter, exécuter des actes entiers de mes opéras, comme je le faisais jusqu’ici, rarement du moins, il ne peut plus même en être question.

C’étaient, chaque fois, des efforts surhumains, que j’ai maintenant à payer. De même,