Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/133

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pour ce qui est de diriger l’orchestre, comme je le faisais autrefois, cela ne m’arrivera plus ! — Comment je mènerai à bien la tâche de ma vie, je n’en sais rien…

Cependant, il faut espérer beaucoup du repos, des ménagements, du « petit à petit », et cela ira mieux, en tout cas . . .

Il est digne de vous d’avoir pensé à vous rapprocher maintenant de moi, pauvre malheureux ; pourtant, moi aussi, je crois que dame Raison est dans le vrai. Arrivez pour Tannhäuser ; peut-être pas pour les premières représentations, mais plutôt quand j’aurai déjà repris quelque peu mon aplomb : dans un état pareil à celui de maintenant, je n’existe vraiment pas. Consultez bien, là-dessus, avec Otto ! —

J’ai appris avec un vif plaisir ce que vous me rapportez de madame Wille : je m’y attendais bien et je ne lui en veux plus. Je sais, après tout, ce qu’elle vaut, quoiqu’elle ne soit pas faite pour l’action. Souvent nous n’avons pas besoin de cette énergie, mais seulement d’intelligence et de sympathie : et l’on ne saurait apprécier assez hautement pareille aubaine ! . . . Saluez-la cordialement de ma part ! . . .

Cordiales salutations aussi à la famille y compris le brave papa ! Faible et mélancolique, mais toujours fidèle et reconnaissant, je demeure vôtre.

R. W.