Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/166

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où mon amie me dit exactement ce que j’avais ressenti pendant la première. Qu’Ulrich de Hutten eût conduit sa plume, sa prophétie n’en était que plus significative. Toute l’âme de mon existence m’apparut, m’interpréta le silence de cette heure, et l’ange effleura mon front d’un baiser de bénédiction. — Et ce fut la seconde de mes belles heures…

Et maintenant la troisième ?…

Ce fut un beau succès, inattendu. Le Vaisseau-Fantôme — l’unique opéra de moi qu’on puisse donner présentement, à cause de l’indisposition prolongée d’Ander — était affiché pour hier. Il y a peu de temps, j’avais encore entendu cet opéra et j’avais été, cette fois-là, très mécontent. J’avais été froissé surtout par diverses erreurs très graves dans l’interprétation et dans les « tempi », ainsi que par de fréquentes rudesses d’émission dans le chœur des femmes. Je fis donc convoquer, hier matin, les deux premiers rôles, le chœur et le chef d’orchestre pour une petite communication. Il s’agissait principalement de la grande scène entre le Hollandais et Senta : brièvement et nettement, je leur expliquai’ ce qu’il fallait ; ils semblaient tout surpris d’avoir manqué de la sorte quelque chose de si indiqué. Le chœur et le chef d’orchestre furent instruits de même. Il s’agissait d’une exécution déjà tournée en routine, et, comme l’orchestre n’avait pas pu être con-