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130.

Biebrich,
16 Février 1862.
Amie,

Vous avez tort de faire attention à moi : j’en ai honte maintenant. J’étais sans nouvelles, donc inquiet. Un mot suffisait. Un mot triste, désolé ! Oh ! combien il est plus heureux d’être mort que de voir mort ce que l’on aime ! Pareille douleur vous frappe donc ! Vous recevez l’une consécration après l’autre ! Pour celui qui est sérieux, pour celui qui est profond, c’est une consécration : penser et sentir deviennent un pour lui ; il sent ce qui est pensé profondément, et sait combien terriblement cela est vrai. J’ai mis une intention profonde dans les larmes que j’ai versées sur la mort de votre mère ! Soyez la bienvenue dans le royaume grave qui m’a accueilli entièrement maintenant, et d’où seulement je puis encore regarder le monde. Il peut me paraître clair, à présent, parce que je ne regarde plus dans la nuit, mais de la nuit !

Ne vous préoccupez absolument pas des Maîtres Chanteurs ! Le manuscrit vous appartient ; je n’avais d’autre intention, que de vous donner ce qui est vôtre !

Cordiales amitiés à Otto et aux enfants !

R. W.


Biebrich
(chez l’architecte Frickhöffer).