Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/192

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seulement je suis allé de nouveau dans le parc. À vous je ne pouvais maintenant penser beaucoup, puisqu’il m’est impossible de vous aider en quoi que ce soit, à part de silencieux souhaits pour votre bonheur !

Ainsi je me tenais là solitaire.

Tout à coup une idée me vint pour l’introduction d’orchestre du 3e acte des Maîtres-Chanteurs.[1] Dans cet acte, le point culminant sera le moment où Hans Sachs se lève devant le peuple assemblé, et est accueilli par celui-ci avec une sublime explosion d’enthousiasme. Le peuple alors chante, d’un ton solennel, d’une voix vibrante, les huit premiers vers du poëme de Sachs sur Luther. La musique était déjà faite pour cette scène. Maintenant, pour servir d’introduction au 3e acte où, quand le rideau s’ouvre, on voit Hans Sachs perdu dans ses réflexions, je fais jouer par les basses un thème grave, attendri, profondément mélancolique, présentant le caractère de la plus grande résignation ; voici que survient, entonné d’abord par les cors et de sonores instruments à vent et, peu à peu, par l’orchestre tout entier, comme un Évangile, la mélodie solennelle et gaiement claire de : « Wacht auf ! Es rufet[2] gen

  1. Comparer R. Wagner : Esquisses, pensées, fragments, pages 104/5 ; Écrits posthumes, 1902, pages 154/55.
  2. La lettre porte « rufet » au lieu de « nahet ».