Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/205

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anniversaire : je devais presque me tenir pour heureux de le fêter dans la plus parfaite solitude ! Subséquemment un cortège aux flambeaux[1] vint me saluer à ma rustique demeure : je le reçus d’une façon quelque peu distraite. Tandis que le cortège lumineux approchait, en passant par un pont, la plus magnifique pleine lune montait justement au-dessus des cîmes du jardin du château de Schönbrunn, et projetait des rayons mystiques sur la parade au-dessous d’elle. Déjà, pendant que l’on chantait, les quelques jeunes gens qui étaient montés chez moi, n’entendaient de ma part que des exclamations admiratives pour la splendeur de la lune : c’était l’unique, la vieille et fidèle amie, qui venait à moi par-dessus l’enfantillage d’un monde étranger, tout comme, autrefois, au-dessus de la couronne lointaine des Alpes et au-dessus de votre jardin, elle s’en venait vers nous ! « Asile ! Asile ! » Combien de fois j’ai déjà cru avoir trouvé un « Asile » ! Cette fois-ci, j’aspirais tellement à la tranquillité d’un logis que, ayant uniquement en vue une calme demeure avec un jardin, j’acceptai la première qui se présenta. Huit jours plus tard, je me serais installé peut-être à Bingen ; les choses traînèrent ; dans l’entre-temps, on me renseigna ceci : indifférent quant à la localité, je me décidai, et mon seul souhait est qu’il me

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 432.