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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/249

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ment sublime d’autrefois soit absent, et recevez les meilleurs vœux, les meilleures salutations de

votre
Mathilde Wesendonk.

25 Déc. 61.

4.

Je viens de lire la biographie de Schopenhauer,[1] et me sentis irrésistiblement attirée par son caractère, qui ressemble tant au vôtre. Un désir ancien me prit de regarder une fois dans ce bel œil inspiré, dans le profond miroir de la nature, qui est commun au génie. Nos relations personnelles s’évoquèrent à ma mémoire : je voyais le monde, grand et riche, que vous avez ouvert à l’esprit de l’enfant ; mes yeux ne pouvaient se détacher de cet édifice merveilleux ; mon cœur battait à coups pressés, de tendre reconnaissance ; et je sentais que de tout cela rien ne pourrait jamais se perdre pour moi ! Aussi longtemps que je vivrai, je lutterai pour arriver à la connaissance ; telle est votre part dans mon développement. Schopenhauer, conformément aux décrets du destin, ne devait point vous connaître ; il n’a point connu vos créations musicales non plus. « Peu importe ! » dirait-il aujourd’hui, avec un sourire « nous faisons tous deux partie de l’univers.

  1. W. Gwinner : Schopenhauer pris sur le vif. Leipzig 1862.