Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/253

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Est-ce qu’une coupe peut contenir toute la lumière d’or du grand soleil ?
Et toi, mon cœur, toi, si petit,
Tu veux, à toi seul, contenir
Tout le bonheur du monde !
L’immensité de l’amour
Enfermé en des limites
Et toute la volupté des cieux
Dans le rêve de la vie !

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Dans le cœur, trouble et triste,
Se plaint une douleur intense.
Abîme plein d’horreurs
Comme la mer profonde.
Et des soupirs, comme des souffles de vent
Vont et viennent sur la surface de l’onde.
Le souvenir y rayonne, doux
Comme la rougeur du soir.
Tel un esquif vogue l’espérance.
Par les désirs poussé vers la rive.
Il chancelle parmi les brisants :
Jamais sur la plage il n’atterrira.

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Lorsque la souffrance, aux ailes endeuillées.
Descend effroyablement sur l’âme.
Ton Esprit, de l’éternelle Vicissitude
Est détourné vers l’Illimité.
Lorsque de l’œil tombe le bandeau des illusions.
Et que l’Eden disparaît en de l’écume.
Que de la tombe se lèvent des ombres pâles