Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/254

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Et que le jour d’à présent devient un rêve,
On ne cherche plus l’être que dans le non-être ;
Toute existence devient une apparence vaine ;
De réel il n’y a que le cœur battant
Et ses souffrances à jamais affirmatives !

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22 Mai 1863.

Une âme grande et pure
Renferme la petite fleur,
Qui de tout son être
Vit dans la lumière du soleil ;
Pour unique préoccupation elle a
Le désir d’être belle.
Quoique le rayon d’or
Baise mille corolles sœurs.
Elle ne ressent jamais le mal de l’envie.
Et accueille le rayon avec joie.
Se tourne toujours vers lui.
N’a de senteurs que pour lui.
Et, s’il vient à l’oublier tout à fait.
Ferme en silence son œil aimant.
Baisse doucement sa petite tête,
Pousse un léger soupir, se tait — et meurt.

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Ô mon cœur, combien grande serait ta peine,
Si tu étais pur comme la fleur ?
J’ai creusé une tombe ;
J’y ai déposé mon amour,
Et tout mon espoir et tous mes désirs,