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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/255

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Toutes mes larmes
Et tout mon bonheur, et toute ma peine.
Et, après les avoir couchés avec soin,
Je descendis moi-même dans la tombe.

________

8.

Votre lettre volumineuse[1] vient m’écraser le cœur de tout son poids aujourd’hui ; croyez, mon ami, ce que je vous dis ! Mais je ne m’irrite point pour les soucis que vous m’apportez de la sorte, car je compatis volontiers à vos souffrances. Tout mon être se sent ennobli de pouvoir souffrir avec vous. Si tristement que me regardent ces lettres, quand je demande quel est leur sens, elles me deviennent chères et amicales, quand je me dis qu’elles ont été écrites « par lui » et « pour moi ». Mon ami, je le crains, vous pourriez me dire beaucoup de mauvaises choses, que je ne vous en voudrais pas !

Ô homme « abandonné de la joie » — une expression que je découvris un jour dans Walther von der Vogelweide et que j’appliquai tout de suite à vous, au plus profond de mon cœur. Quiconque pourrait vous aider devrait être très heureux ! J’éprouve le vertige, en songeant à toutes les choses écœurantes qui vous entourent. Le Destin est votre débiteur, à part quelques

  1. Voir lettre 138.