Aller au contenu

Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


11.

27 Oct. 63.
Cher ami !

La pensée de vous revoir bientôt chez nous m’occupe de plus en plus ; ce me sera une vraie fête pour mon cœur de vous voir installé le mieux possible. Je crois que notre intérieur possède les éléments d’une véritable intimité, sans gêne ni autre sacrifice pour aucun de nous. La vie est une science — dit un spirituel français — qu’il faut apprendre. De même que sur les vagues de la mer le calme parfois intervient, de même que le ciel est parfois sans nuages, ainsi il y a des moments dans la vie humaine, où la Destinée retient sa respiration. Dieu veuille nous accorder l’un de ces moments !

Ce que je désire si ardemment est en même temps si peu de chose, que vous en sourirez peut-être. C’est de vous voir au moins une fois l’an chez nous, familièrement, pour que vous connaissiez chaque coin de la maison, et que les enfants ne vous deviennent pas étrangers.

Je me suis toujours efforcée de tenir en éveil chez eux le souvenir de notre vie en commun, et aujourd’hui encore ils ne connaissent « l’Asile » que sous ce nom : « le jardin de l’oncle Wagner ». La pensée de le voir passer en d’autres mains m’était pénible. Maintenant seulement je suis rassurée, parce que la petite maison