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est rouverte à d’autres fortunes qui se présentent. Passez le temps à rêver bellement en Sicile : vous n’y perdrez rien. Comme je vous souhaite, du plus profond de mon âme, douceur, chaleur, forces nouvelles et guérison ! Votre projet est excellent : félicitations et louanges au cousin Wesendonk…

La « colline verte » est arrivée… Pourquoi maintenant pour moi cette douce image d’innocence et de paix ! !…

Adieu pour aujourd’hui ! À bientôt d’autres nouvelles !

Mille salutations à l’amie !

R. W.



95.

Paris, 29 Oct. 59.

Une particularité que je me suis acquise dans mon art, et dont j’ai conscience de plus en plus clairement, me détermine aussi dans ma vie. Il a toujours été dans ma nature de passer rapidement et fortement aux extrêmes d’un état d’âme : ces extrêmes, d’ailleurs, ne peuvent faire autrement que se toucher ; en cela, même, gît souvent le salut de la vie. Au fond, l’art véritable n’a d’autre objet que de présenter ces états suprêmes dans leurs relations : ce dont il s’agit uniquement ici, le résultat décisif, n’est dû qu’à ces oppositions tranchées. Pour Part cependant naît de l’emploi matériel de ces oppositions une manière pernicieuse, qui peut dé-