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court et la Muse n’a pas encore de place dans ma petite maison.

Adieu ! aimez-moi ; ayez confiance en moi ! Encore un peu de patience ! Mille compliments et souhaits cordiaux !

R. W.



96.

Paris, 11 Nov. 59.
Ma chère enfant,

Vous me procurez une grande joie ! Hier enfin — j’ai été si occupé ! — je voulais vous écrire en même temps qu’à Wesendonk pour vous dire quel plaisir m’a fait votre dernière lettre ; ce matin arriva, encore une fois interrompu, qui m’apporta aussi le dithyrambe de Schiller. Je ne l’ai jamais mieux compris que maintenant : vous m’apprenez toujours à apercevoir des beautés nouvelles. Avec quel bonheur je conclus de tout cela que vous êtes guérie !

Moi aussi, je guéris lentement, et cela — je le dis maintenant — d’une grave maladie. Il y a dix ans, — également à Paris, — je souffrais de violents rhumatismes. Le docteur me conseilla surtout de dériver le mal, par une révulsion, vers le dehors, pour éloigner tout danger du cœur. Ainsi finalement toutes les souffrances de ma vie se concentraient et menaçaient de trouver leur issue dans mon cœur. J’ai cru vraiment succomber, cette fois. Mais tout sera de nouveau porté au dehors : je veux,