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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/39

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par une noble et distrayante activité, essayer de détourner le danger du cœur. Vous m’aiderez ? N’est-ce pas, mes bons amis !

La première bonne nouvelle me vint de moi-même. Les épreuves du troisième acte de Tristan arrivèrent tout à coup. Comment le regard jeté sur cette dernière œuvre terminée me ranima, me fortifia, me remplit d’enthousiasme, vous pouvez le sentir avec moi. Un père à la vue de son enfant peut à peine éprouver pareille joie ! Mais, à travers un flot de larmes, — pourquoi cacher ma faiblesse ? — j’ai entendu cet appel : « Non ! Ce n’est pas encore la fin : il faut achever ! Celui qui est encore capable de créer une telle chose est encore plein à déborder !… »

Ainsi soit-il donc !

Maintenant votre lettre aussi m’a fait grand plaisir, et surtout j’aime à voir que l’enfant, devenue si intelligente, peut cependant quelquefois se méprendre légèrement sur moi. Alors je me dis : « Elle aura encore la satisfaction de reconnaître son erreur tout à fait un jour : par exemple que, s’il m’arrive de parler politique, j’ai tout autre chose en vue que le thème apparent, etc. » Mais quel plaisir j’éprouve à avoir tort quand je discute avec vous ! Car j’apprends toujours quelque chose de nouveau…

Cependant l’amitié m’a imposé une triste tâche. J’avais appris tout à coup la maladie