Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/40

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mortelle de mon cher et paternel Fischer, à Dresde. Vous vous rappelez que je vous ai parlé souvent de sa merveilleuse fidélité, de son dévoûment. Une maladie de cœur a conduit finalement le vieillard tout près de la mort. Ma femme, en entrant dans sa chambre, l’entendit proférer, au milieu des spasmes les plus affreux, ce cri plaintif : « Ô Richard ! Richard m’a oublié, m’a repoussé ! » Je l’avais attendu, cet été, à Lucerne et depuis ne lui avais plus écrit. Je lui écrivis alors tout de suite. Et voilà que je reçois l’annonce de sa mort : il n’a plus pu se faire lire ma lettre.

Or donc, ces jours-ci, j’ai écrit un Adieu[1] au cher brave homme ; dès que j’en aurai reçu un exemplaire, je vous l’enverrai !… Cela aussi fut une occupation !…

Et les ouvriers n’ont toujours pas quitté ma maison : ces Parisiens sont chez vous exactement comme chez eux. Enfin mon petit étage est en ordre. Si vous entriez ici, vous croiriez me trouver encore dans l’« Asile ». Les mêmes meubles, l’ancienne table de travail, les mêmes tapis verts, gravures, tout tel que vous le connaissez. Seulement, les pièces sont encore plus petites et j’ai dû m’arranger de mon mieux : mon petit salon contient l’Érard, le canapé vert avec les deux fauteuils qui étaient dans la

  1. Voir Rich. Wagner, Écrits, 5, 133.