Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/52

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les autres sens, tournés vers le dehors, ne font que rêver. Quand je ne vois ou n’entends plus clairement, ce sens agit alors plus que jamais et il apparaît en sa fonction comme une paix productive : je ne puis le nommer autrement. J’ignore si cette paix est analogue à la paix plastique dont vous parlez ; je sais seulement que cette paix va du dedans au dehors, qu’avec elle je suis au centre du monde, tandis que ce que vous appelez paix plastique me semble plutôt agir du dehors, comme un apaisement de l’inquiétude intérieure. Quand je me trouve dans cet état d’inquiétude intérieure, aucune image, aucune œuvre d’art plastique ne peuvent me faire impression : cela manque son effet comme un vain joujou. C’est seulement le regard jeté au-delà qui trouve pour moi l’apaisement. C’est aussi le seul regard qui me rende sympathiques mes semblables, ce regard par-dessus le monde ; c’est le seul aussi qui comprenne le monde. Ainsi regardait Calderon, et qui a plus magnifiquement que lui rendu la vie, la beauté, toute floraison ?

Gœthe à Rome est une réjouissante figure et des plus importantes : ce qu’il recueillait là, c’était pour le bien de tous, et à Schiller il épargna sans doute le soin de voir par lui-même. Celui-ci pouvait alors s’accommoder parfaitement de cette aide et créer ses plus nobles œuvres, tandis que Gœthe poussait le