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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/64

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excusaient leurs fréquentes attaques fautives en prétendant que mon geste les intimidait. Les trombones et les trompettes n’avaient pas d’éclat. Mais finalement tout fut réparé par le vraiment grand enthousiasme qui saisit l’orchestre, du premier musicien jusqu’au dernier, et qui s’accrut si visiblement aux exécutions que Berlioz, d’après les on-dit, en demeura tout consterné.

Les trois soirées furent donc de véritables fêtes, et, pour les démonstrations d’enthousiasme, les fêtes de Zurich n’étaient rien en comparaison de celles-ci. Dès le début, le public était captivé. Pour l’ouverture du Vaisseau-Fantôme, j’avais composé une nouvelle fin, qui me plaît beaucoup et fit aussi impression sur l’auditoire. De naïfs cris de joie éclatèrent immédiatement après la mélodie gracieuse de la marche du Tannhäuser, et, chaque fois que cette mélodie revenait, la même explosion se renouvela. Cette ingénuité enfantine me mit vraiment en belle humeur, car je n’ai jamais entendu la joie éclater si spontanément. Le chœur des Pèlerins fut la première fois chanté avec hésitation et sans entrain ; plus tard, cela marcha mieux. L’ouverture du Tannhäuser, exécutée avec une grande virtuosité, me valut chaque fois de nombreux rappels. Le prélude de Tristan ne fut joué à ma guise qu’au troisième concert ; il m’a fait beaucoup de plaisir ce soir-là. Le