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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/66

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m’assure, la célébrité, les honneurs, que sais-je encore ! Quel fou je serais, alors ! Figurez-vous qu’au premier concert j’étais distrait parce que certain receveur général[1] n’était pas encore arrivé de Marseille. Et de quoi s’agissait-il avec cet homme ? C’était l’homme riche dont Gasperini m’avait assuré qu’il s’intéresserait vivement à mon projet de faire représenter mes opéras en France, et auquel on persuaderait sans peine de me soutenir puissamment à cet effet. Je n’avais en vue que la possibilité d’une première exécution de Tristan à Paris, en Mai, avec des interprètes allemands : c’était le but unique vers lequel je me dirigeais, pour lequel je faisais tout, et, justement, ce furieux effort des trois concerts. Mon homme riche viendrait de Marseille ; le succès de ma musique le déciderait à fournir la garantie nécessaire pour l’entreprise d’opéra que j’avais en vue. Enfin, au troisième concert, l’homme arrive ; mais il a, ce jour-là, un grand dîner chez Mirès ; il vient pourtant passer une heure au concert, et… c’est un Français magnifique, très heureux de, etc…. pour estimer ensuite qu’une entreprise d’opéra allemand est bien chanceuse… etc., etc.

J’avais été, encore une fois, trop naïf ! Je le sais au fond toujours d’avance, et pourtant on es-

  1. Voir lettre à Otto Wesendonk du 12 Février 1860.