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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/76

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plus simple vallon de la Suisse me saisit ! ! J’étais comme assassiné quand je rentrai chez moi, et toute possibilité s’était évanouie à mes yeux sans laisser de trace. Mais, en même temps, j’appris comment les impressions les plus horribles ne font que provoquer des réactions d’autant plus fortes et plus durables. « Vous voyez, — me dit-on, — quelle est la situation et ce que nous attendons, ce que nous désirons de vous ! » Ceux qui me disent cela sont des gens qui, depuis vingt ans, n’ont plus mis les pieds à l’Opéra, qui ne connaissent plus que les concerts du Conservatoire, les quatuors, et qui, finalement, — sans me connaître, — étudiaient mes partitions, — et non seulement des musiciens, mais des peintres, des hommes de lettres, oui, jusqu’à des hommes politiques ! Ils me disent : « Ce que vous apportez, on ne nous l’a encore jamais offert, loin de là, car vous apportez, avec la musique, toute la poésie : vous apportez le tout, un tout qui subsiste par lui-même, indépendant de toute influence, telle qu’il en fut exercé jusqu’ici par nos instituts sur l’artiste qui voulait se produire à nous. Vous l’apportez également sous une forme parfaite et avec la plus grande puissance d’expression : même le Français le plus ignorant ne peut y vouloir rien changer ; il doit l’accepter entièrement ou le repousser entièrement. Et de là l’importance considérable que nous at-