Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/89

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mes œuvres au monde ; il dépendrait de mon bon plaisir de me figurer celui-là ou de me résigner doucement si je ne puis croire à sa possibilité. Voilà, voilà mon vœu et mon choix définitifs… si c’était moi qui avais à choisir !

Le choix lui-même démontrera ce qui était le plus nécessaire. Si moi seul puis représenter mes œuvres, il en sera ainsi ; j’en suis sûr !… Si moi seul puis encore écrire les œuvres que j’ai en tête, il en sera ainsi !… Qu’est-ce qui pourrait bien être le plus difficile ?… Ou le plus opportun ? … Je suis presque tenté de croire au premier parti. Que dorénavant quelques nouvelles œuvres de ce genre soient encore données au monde, cela importe peu, sans doute, au génie du monde, pourvu que ce genre, en son essence, soit compris par le monde. C’est évident. Pour l’essence des choses, ce n’est jamais de la quantité qu’il s’agit : celle-ci n’a rien d’essentiel ; le principal, c’est la valeur intime du genre tout entier. Si je la révèle parfaitement, j’éveille une flamme de conscience en des individus qui, par là, deviennent propres à multiplier en le variant ce qu’ils ont reçu. C’est ainsi également que nous pouvons nous expliquer la quantité et la variété individuelle extraordinaires de l’école italienne en peinture, de l’école espagnole en poésie, etc. Donc je crois être assuré que pour le génie du monde il importe plus que je révèle au monde par