Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des représentations excellentes mes œuvres terminées, et cela sur un terrain aussi large que possible, parce que les rares individus où il s’agit d’éveiller cette flamme sont disséminés dans l’espace aussi bien que dans le temps. Car, en un certain sens très profond et compréhensible au seul génie du monde, je ne puis plus, dans de nouvelles œuvres, que me répéter ; je ne puis manifester une autre vertu essentielle.

Donc le choix est très difficile et mon désir ne peut pas être invoqué. Mais ici aussi il y a de la ressource et une chimère fallacieuse miroite devant moi : peut-être pourrais-je combiner les deux, par intervalles, ou bien retrouver après la lutte un doux repos et achever encore mon œuvre. Oh ! les visions tentatrices ne font jamais défaut ! Mais je connais le démon ; il y a des heures graves où je sais tout, où nulle tentation ne me leurre, où je me résous à tout subir. Aujourd’hui je vous écris en de pareilles dispositions. Soyez-moi bonne, respectez-moi, aimez-moi ! Je le mérite, par la grâce de mes souffrances ! . . .

Mille et mille amitiés ! Faites-moi savoir bien vite quand je pourrai vous écrire à Venise !

À Otto je répondrai bientôt en latin, puisque c’est maintenant sa langue favorite. Il a raison, ce qu’on lui a chanté en latin est magnifique : je connais cela !