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DU MÉTIER DE VIRTUOSE

chées innombrables. Tout à coup il sentit son cœur ému d’une sensation pleine de volupté, et il aperçut à une faible distance le joyau magique qui l’inondait de sa radieuse clarté. Il embrassa alors d’un coup d’œil rapide et simultanément l’ensemble du labyrinthe. Le talisman lumineux traçait devant lui la route tant désirée, et comme entraîné sur un rayon de flamme, le pauvre mineur parvint au fond de l’abîme jusqu’auprès de l’éblouissant trésor. En même temps, une émanation miraculeuse inonda la terre d’une splendeur fugitive, et fit tressaillir tous les cœurs d’une joie ineffable ; mais personne ne revit plus jamais le mineur de Salzbourg.

Ce fut un autre mineur de Bonn qui conçut le premier pressentiment de cette précieuse découverte ; il se tenait à l’entrée de la mine, et il ne tarda pas à distinguer à son tour le chemin privilégié du trésor ; mais les ardents rayons projetés par celui-ci vinrent frapper sa vue si subitement qu’il en devint aveugle. Tous ses sens furent paralysés à l’aspect d’un océan de flammes crépitantes, et, saisi de vertige, il se précipita dans l’abîme où sa chute provoqua une ruine générale, et où retentit l’épouvantable fracas des voûtes écroulées et des piliers démolis.

Et l’on n’entendit plus jamais parler du mineur de Bonn.

Ici se termine la légende, comme toutes les légendes de mineurs, par une catastrophe irrépa-