Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/102

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directrices. Notre langue ne se prête guère à de telles combinaisons ; celles du moins que l’on pourrait proposer ne correspondraient point aux analogies, oppositions et dérivations des vocables où s’exerce la poétique wagnérienne. Cependant le traducteur devra choisir, pour ne pas être en contradiction avec l’auteur, des mots simples, primordiaux pour ainsi dire, en évitant ceux qui n’ont pas la « couleur » du sujet, qui évoquent d’autres catégories d’idées, ou qui appartiennent à un autre vocabulaire. Par exemple, dans toute la Walkyrie, Wagner n’emploie le mot Seele (âme) qu’une seule fois. Malgré mes efforts, je n’ai pu être aussi rigoureux, mais ce mot âme ne figure plus dans ma traduction que trois ou quatre fois. De même, les mots sort et destin ne doivent pas être employés dans la Walkyrie avec leur sens supérieur et absolu (comme les traducteurs ont fait jusqu’à présent), car ils exprimeraient une idée différente de celle de Wagner ; ils serviront seulement comme correspondants au mot Loos, pour exprimer un ordre promulgué par les dieux.

Dans le Liebeslied de Siegmund, j’ai adopté le genre féminin pour le mot amour, m’autorisant de nombreux exemples, dont plusieurs empruntés à nos classiques. Cet emploi momentané du féminin est absolument nécessaire : faute de l’admettre, les comparaisons entre Siegmund et le Printemps, entre Sieglinde et l’Amour, perdent toute espèce de signification.

Je n’ai pas traduit les noms tels que Wehwalt, Frohwalt, Friedmund, Nothung, pour des raisons musicales et des raisons poétiques. En effet, j’ai pu ainsi les laisser presque toujours à leur place, avec leurs valeurs rythmiques, leurs correspondances et leurs oppositions. De plus, je gardais ainsi des sonorités caractéristiques, qui produisent en certains cas un grand effet, par exemple dans l’invocation de Siegmund au glaive. Enfin, si l’on