Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/103

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traduit Friedmund, il faut traduire Siegmund, qui lui répond exactement, et, d’une manière générale, tous les noms propres, parti que nul n’osera conseiller. On m’objectera peut être que Nothung, Wehwalt, etc., ont des significations qu’il est nécessaire d’expliquer ; à ce compte, il en est de même de Wotan, de Siegfried — expliqué par la prophétie de Brünnhilde à Sieglinde — de Brünnhilde aussi, car Wolan insiste sur le sens de ce nom, lorsqu’il interpelle sa fille au troisième acte (Du, der ich Brünne, etc). Or, écoutant, lisant, ou traduisant Sophocle, nous n’avons aucune envie de remplacer le nom d’Œdipe par celui de « Pieds-enflés » ; pourquoi en agir autrement avec Wagner ? Que ceux qui veulent pénétrer la signification de l’œuvre dans tous ses détails apprennent le sens de chacun des noms choisis par le poète-musicien, rien de mieux ; mais ces âpres noms légendaires, laissons-les sonner fièrement dans le texte chanté, sans leur chercher de lourds et gauches équivalents[1]. Imbu de ce principe, qu’ont approuvé des juges compétents en la matière, j’ai respecté les noms propres wagnériens jusque dans leur orthographe[2] ; leurs pluriels (Wälsungen, Walküren, etc.) sont également restés ce qu’ils sont en allemand, ce qui est logique, et ce que justifie d’ailleurs un précédent connu, le pluriel Nibelungen, forme universellement adoptée. Une seule exception a été faite : elle concerne le surnom Wolfe (Loup), que porte Wälse, c’est-à-dire Wotan, lorsqu’il parcourt les bois avec son fils Siegmund. Je ne l’ai consentie qu’à regret ; mais ne pas traduire ce nom,

  1. On trouvera le sens de ces noms dans les notes qui suivent la préface.
  2. Wagner ayant quelquefois écrit, dans la Walkyrie, Brünnhild’ et Niblung, au lieu de Brünnkilde et Nibelung, j’ai cru devoir user de temps en temps de cette facilité.