Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/107

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version, sur une seule note. Certains autres mots, ruine entre autres, sont comptés comme trissyllabiques par les versificateurs ; mais cette quantité convenue est en désaccord avec l’habitude du langage courant ; je n’ai pas hésité, dans la mélodie chantée, à traiter ruine comme un dissyllabe, que l’élision de l’e final peut faire souvent compter comme monosyllabe. De même, j’ai considéré lien comme un monosyllabe.

Ainsi qu’il a été dit plus haut, les vers de l’Anneau du Nibelung ne sont pas rimes. Ce sont des vers métriques, mesurés par le nombre des accents forts. Les « petits vers » ont deux accents ; les « grands vers » en ont trois principaux. La traduction, une fois terminée sur la partition, a pu être mise en regard du texte littéraire, et, vérification intéressante, se décomposer en vers rythmiques, équimétriques des vers allemands. Pour bien juger de cette équimétrie, il faut remarquer cependant que la dernière syllabe d’un « petit vers » du texte original ne termine aucunement le sens, et que maintes fois deux de ces « petits vers » sont chantés d’un trait, sans césure marquée, formant ainsi, au point de vue vocal, un seul grand vers à quatre accents. Je n’ai pas toujours pu séparer mes deux vers métriques à la même syllabe que les deux vers wagnériens correspondants : en ce cas, c’est le nombre total de syllabes compris dans les deux vers, et la répartition des accents forts, qui prouvent l’exacte correspondance prosodique de la traduction avec l’original. L’on doit tenir compte aussi des élisions de voyelles dans un même membre de phrase[1]. À ce sujet, j’ajouterai que j’ai suivi la logique musicale et

  1. Par exemple, voici trois vers du deuxième acte :
    –––––––––––Was so schlimmes
    –––––––––––schuf das Paar,
    –––––––das liebend einte der Lenz ?.