Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/110

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courant, et même dans la récitation dramatique, personne ne prononcera jamais l’e final du mot épée ; je n’ai donc jamais marqué une valeur musicale pour cet e muet, et le mot épée a été considéré par moi comme un dissyllabe pur et simple. En d’autres circonstances, lorsqu’il faut seulement faire sentir la désinence féminine d’un mot sans aucun arrêt mesurable de la voix, cette désinence aura sans doute une note correspondante, mais figurée par une « petite not e», ou bien par une note ordinaire liée à la précédente, qu’ainsi elle se borne à compléter. D’autres fois enfin, j’ai dû procéder par valeurs mesurables et distinctes. Mais, je le répète, ces notations diverses ont toujours été choisies d’après le caractère de la déclamation, son accent, et la nature du dessin mélodique.

En un très petit nombre d’endroits, j’ai ajouté des notes plus importantes que celles dont il vient d’être question. Par exemple, à la page 82 du poème (ligne 27), j’ai ajouté deux notes, empruntées au dessin des altos, cors et bassons, en m’autorisant des modifications diverses subies par cette même mélodie aux précédents passages : l’obligation de traduire les belles paroles de Wotan, qui se rappelle les jours où Brünnhilde chevauchait près de lui, m’a contraint de procéder de la sorte ; du moins je n’ai pas encore aperçu la possibilité de mieux faire. A la page 83 (ligne 3) : « Qu’un Homme ici t’éveille seul ! » la mélodie vocale est en grande partie doublée par la trompette basse et les cors, qui l’exposent en sa véritable intégrité thématique ; j’ai emprunté, en tout et pour tout, une note à cette mélodie instrumentale pour en compléter la phrase chantée par Wotan. On conviendra sous doute que ces très rares licences — que je me suis vainement efforcé d’éviter — ont peu de rapports avec les altérations continuelles, foncièrement antimusicales, que l’on rencontre à