Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ALLITÉRATION. — SONORITÉ.

Si, dans l’Anneau du Nibelung, le poème de Wagner demeure purement métrique, il a cependant des correspondances de sonorités qui remplacent les rimes absentes et lui donnent une couleur toute spéciale. D’un bout à l’autre, il est soumis à l’allitération.

L’allitération consiste en des répétitions de lettres identiques — presque toujours des consonnes — ou en la correspondance de syllabes analogues. Des sonorités très voisines, souvent exactement semblables, se reproduisent ainsi, de manière à frapper l’oreille et à rendre les rythmes poétiques plus apparents. De cette allitération (en allemand Stabreim) Wagner a tiré des effets extrêmement variés.

Fallait-il conserver l’allitération wagnérienne dans la traduction française ? Cela était- il utile, ou seulement possible ?

Conserver exactement les allitérations du poème original n’était ni utile ni même possible. Wagner a poussé fort loin l’allitération, parce que la langue allemande se prête mieux qu’aucune autre à une accentuation très énergique, parfois très rude : elle admet des répétitions, des accumulations extraordinaires de consonnes, que nous pourrions malaisément tolérer. De plus, et surtout, Wagner exprime, par les oppositions et correspondances des radicaux comme de leurs dérivés, les principes dominants, les forces primordiales qui dirigent son drame. Ces puissants monosyllabes, Neid, Noth, Wal, et bien d’autres, se répercutent en des séries nombreuses de mots, et l’allitération devient, dans le poème, un admirable moyen de signification. Mais, dans notre langue, l’accentuation générale des mots est moins forte, et les rappels