Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/13

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plus littéraire ou plus vocale. En pareil cas, l’exécutant peut choisir : l’une des leçons figure dans le corps du texte, l’autre est renvoyée en bas de page, en variante.

On s’étonnera peut-être de trouver dans le nouveau texte français le mot Rheingold. Je ne l’ai pas plus traduit, en principe, que je n’ai traduit — ne croyant pas que cela fût possible de façon heureuse et pratique — des mots comme Walhall, Nibelheim et Riesenheim. Il est clair cependant que l’on peut faire à ce parti, pour le mot Rheingold, de fortes objections ; si fortes même, que j’ai toujours accompagné ce terme germanique (encore un coup intraduisible si l’on respecte le texte musical) de la variante française Or pur. Outre cette variante, j’indique ici la transposition française Rhingloire, qui, si étrange qu’elle paraisse, garderait une certaine analogie de couleur avec le mot du texte original. Quoi qu’il en soit, il me semble que l’emploi du mot même de Wagner, Rheingold, pour désigner l’Or du Rhin, ce talisman splendide et fatal de la toute-puissance, n’est pas plus impossible — à titre exceptionnel, bien entendu — que l’emploi du mot « zaïmph » pour désigner le voile mystérieux de Tanit. Ajouterai-je que si le mot Gral ou Graal, probablement celtique d’origine mais qui n’appartient régulièrement à aucune langue actuelle, peut et doit être employé pour désigner le divin Trésor que Parsifal délivre, il est bien conforme à l’esprit de Wagner de conserver, même en français, un terme spécial pour désigner le Trésor caché dans les flots du Rhin ? Le musicien-poète n’a-t-il pas toujours considéré le Gral béni comme succédant à l’Or du Rhin, dont il est l’idéalisation, la sanctification chrétienne ? Un autre motif est encore venu se joindre à ceux-là : j’avouerai, quand l’on en devrait sourire, que l’effet « verbal », d’une si