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(Sieglinde effleure le breuvage de ses lèvres, et le présente de nouveau à Siegmund ; celui-ci en boit une longue gorgée : puis il l’éloigne vivement de sa bouche et rend à Sieglinde la corne à boire. Tous les deux se regardent, avec une émotion de plus en plus forte, et demeurent un moment sans parler.)
Siegmund.
(d’une voix tremblante.)
- De mon sort triste tu prends pitié :
- Sois gardée
- de semblables maux !
(Il se lève rapidement pour partir.)
- J’ai pris haleine
- et doux repos :
- loin d’ici je m’en vais !
Sieglinde.
(se tournant vivement vers lui)
- Qui te presse, pour fuir déjà ?
Siegmund.
(comme enchaîné par son appel, se retourne de son côté ; sa voix est lente et sombre.)
- Malheur me presse
- où je me hâte :
- Malheur m’approche
- où je m’arrête ;
- ô femme, vis loin de lui !
- Je tourne ailleurs mes pas !
(Il marche rapidement vers la porte, et en soulève le loquet.)
Sieglinde.
(le rappelant, en un violent oubli d’elle-même.)
- Demeure alors !
- Quels maux me peux-tu porter !…
- Malheur habite ici !
Siegmund.
(demeure immobile profondément saisi ; il interroge du regard le visage de Sieglinde : celle-ci finit par baisser les yeux, comme accablée de honte et de tristesse. Long silence. Siegmund revient sur ses pas, et va s’appuyer au foyer.)
(Sieglinde demeure silencieuse ; soudain elle fait un brusque mouvement, écoute, et entend venir Hunding, qui, au-dehors, mène son cheval à l’écurie ; elle va en toute hâte vers la porte et l’ouvre.)
- ↑ Var. : « Peine », c'est mon surnom : —