Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
- pour la nuit je t’ai reçu :
- demain pourtant
- trouve une arme solide ;
- soit prêt dès l’aube au combat :
- des morts d’hier paye-moi le sang !
(à Sieglinde, qui, avec des gestes inquiets, s’est avancée entre les deux hommes.)
- Hors de ce lieu !
- Sors à l’instant !
- Emplis la coupe du soir,
- et va m’attendre au lit !
Sieglinde, qui parait réfléchir, prend sur la table une corne à boire et va vers une sorte de huche fermée, où elle prend des racines, et se dirige vers la chambre intérieure de côté. Puis, sur le degré le plus élevé, près de la porte de cette chambre, elle se retourne une fois encore, et fixe sur Siegmund – qui, debout près du foyer, contenant son courroux, est demeuré calme et ne la quitte point des yeux — un long regard plein d’aspiration émue, qui finalement indique à Siegmund, d’une manière significative, un certain point sur le tronc du frêne. Hunding, qui remarque ses lenteurs, la contraint à sortir par un signe impérieux ; elle disparaît alors par la porte de la chambre intérieure, emportant la corne à boire et le flambeau.
Hunding.
(enlevant ses armes du tronc du frêne.)
- Un homme doit être armé. —
- Toi, Loup, demain je te frappe :
- ma voix parle clair —
- garde-toi bien.
(Il entre armé dans la chambre intérieure.)
Siegmund.
(seul.)
La nuit est devenue complète ; la salle n ’est plus éclairée que par le feu presque éteint du foyer. Siegmund se laisse tomber, près de ce foyer, sur la couche de repos, et songe quelque temps en silence, en proie à un trouble violent.
- Le fer promis par mon père
- pour vaincre au péril pressant !…
- Sans épée
- chez l’ennemi je tombe : —
- sa vengeance en gage
- me tient là ! —